Programme "les amphis de l'Europe"
Les « Amphis de l’Europe » s’appuient sur des structures et une organisation déjà existantes. Une reconnaissance de l’aspect interdisciplinaire du projet s’est même matérialisée par l’inscription de ce projet au sein de l’opération 8 du LABEX SMS « Mondes Politiques » pour la période 2014-2017. Ce projet s’appuie aussi sur le Centre d’Excellence Jean Monnet
Si le travail de l’IRDEIC sur l’internormativité (Programme Resoc +) a conduit au premier constat de la nécessité de s’intéresser, au-delà de la seule démarche théorique, à l’utilisation du droit, dans la dimension européenne, par les professionnels, des obstacles ont été mis en évidence à cet égard, qui ont montré les limites de la seule approche juridique sur la construction européenne.
D’autres disciplines sont ainsi à convoquer et à croiser pour comprendre les représentations sociales des professionnels et des justiciables. C’est ainsi que la nécessité d’une recherche interdisciplinaire s’est imposée, et s’est développé un travail commun de réflexions sur l’objet « Europe » associant juristes, politologues, historiens du droit, historiens, géographes, sociologues, psychologues, et économistes, sous l’impulsion de deux équipes de l’IRDEIC, le programme étant animé par Sylvaine Peruzzetto (LIEu) et par Laure Clément-Wiltz (CEDRE). Des rencontres successives avec des partenaires d’autres disciplines (A) ont finalement permis d’institutionnaliser une coopération durable avec la création des « Amphis de l’Europe » en 2013 (B).

Les rencontres interdisciplinaires

La première s’est voulue très générale pour que les disciplines, leurs approches, leur définition du sujet, leurs méthodes puissent être identifiées. Un état des lieux a donc été organisé avec un premier colloque le 21 mars 2011 : L’europe, objet renouvelé des sciences sociales : un État des lieux chez les Géographes, les Historiens et les Juristes.
Cette première expérience a conduit à définir un protocole, avec des rencontres en deux temps, un premier temps pour déterminer un sujet et ses différentes approches possibles, un second temps de colloque suivi d’une publication. C’est ainsi qu’ a eu lieu un colloque « construire la citoyenneté européenne » le 23 novembre 2012 (Peter Lang 2013) et un colloque « Penser les frontières de l’Europe » le 21 mars 2014 (publication en cours chez Peter Lang). Le prochain thème retenu tournera autour de la crise d’Europe et en Europe (réunion de préparation juin 2014).

L’institutionnalisation des « Amphis de l’Europe »

L’importance et l’intérêt de ces travaux interdisciplinaires a donné lieu à l’institutionnalisation du groupe qui a voulu s’identifier sous « les amphis de l’Europe » afin de mettre en évidence le caractère universitaire, l’importance des échanges, ainsi que la pluralité des entrées et des points de vue.
 
Philosophie du programme :
L’objet européen est l’objet de débats nombreux et souvent houleux depuis une vingtaine d’années, parmi les scientifiques comme au sein des opinions publiques. Pour les uns, parce que le caractère polysémique du mot « Europe » autorise des définitions très variées et nous interroge sur la possibilité d’écrire une histoire européenne ; pour les autres, parce que les bouleversements récents (chute du mur de Berlin, importance croissante des compétences communautaires, élargissements de l’Union européenne, mondialisation) ont suscité interrogations et inquiétudes auxquelles les chercheurs en sciences humaines et sociales sont invités à répondre. Le projet « les Amphis de l’Europe » propose d’ouvrir la réflexion sur ce qu’est l’Europe dans une perspective globale, sans la réduire à l’Union européenne stricto sensu. L’objectif recherché vise notamment à éviter le fil directeur qui rattache de manière trop mécanique les débuts de la construction européenne aux « pères fondateurs » de l’Europe occidentale et ainsi à « repenser l’Europe » dans sa complexité, tout en démontrant qu’une écriture « européenne » de l’Europe est possible.
Le but de l’Union européenne est aujourd’hui de bâtir une société politique commune, à même de prolonger une intégration qui, de fait, ne s’est basée jusqu’ici que sur des éléments matériels. Ainsi, la thématique identitaire prend-elle de l’importance, introduisant les sciences humaines et sociales dans la réflexion sur notre avenir européen, mais aussi sur notre passé commun. Or, l’héritage n’est pas simple à gérer car, sauf à pratiquer une liturgie mémorielle ou un oubli négocié, on ne peut se pencher sur ce passé sans prendre en compte sa part d’ombre. Forts de ce constat, différents chercheurs en sciences humaines et sociales ont décidé de croiser leurs regards afin d’approfondir cette connaissance de la construction européenne qui, jusqu’ici, ne s’est concentrée que sur certains aspects de son déroulement. Le but est ici de confronter les méthodes d’investigation de chaque discipline et de faire le bilan d’études parallèles qui ne demandaient qu’à s’entrecroiser au profit de toutes.

Cette idée a été soutenue et encouragée par l’Université Toulouse Capitole et l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès, et a abouti à la collaboration de deux laboratoires issus de ces universités, IRDEIC et FRAMESPA. Tous deux ayant déjà précédemment largement contribué à des recherches actives sur le phénomène communautaire. Partant du DROIT et de l’HISTOIRE, cette volonté commune a abouti à la tenue d’une première rencontre interuniversitaire qui s’est déroulée à l’Université Toulouse-Le Mirail le 25 mars 2011. Le but de cette 1ère rencontre a été de mener une réflexion croisée sur l’objet même d’étude de « l’Europe ». Au-delà des participants concernés (UT Capitole et UT2), un public plus large, issu des deux universités, a permis d’espérer en de futures rencontres fructueuses. En effet, cet élan s’est poursuivi depuis lors à un rythme annuel. Le succès de cet embryon de regroupement de l’expertise toulousaine sur l’Europe s’est ainsi progressivement élargi à d’autres sciences humaines et sociales, au premier chef les SCIENCES POLITIQUES (IEP de Toulouse et LAASP) et la GEOGRAPHIE (UT2, LISST), disciplines elles aussi en pointe sur la recherche européenne. Ces journées programmatiques qui concernent les principaux questionnements touchant les chercheurs sur l’Europe dans les spécialités du DROIT, de la GEOGRAPHIE (LISST), de la SOCIOLOGIE (CERTOP), des SCIENCES POLITIQUES (LAASP), et de l’ HISTOIRE (FRAMESPA), aboutissent chaque année à des publications.

Evolution du cadre de la coopération :

À l’avenir, l’objectif serait d’enrichir les débats par des spécialistes d’universités européennes, tout en gardant une approche pluridisciplinaire qui est la marque de fabrique de ce séminaire et du groupe des « Amphis de l’Europe ». De même, est gardée à l’esprit, l’ouverture à la société civile qui fut le premier stimulant du projet et qui suppose la meilleure diffusion possible des débats, au sein de chaque université mais bien sûr aussi au-delà, dans des lieux publics propices aux échanges. Les « Amphis de l’Europe » ont déjà collaboré avec les associations de citoyens « Faisons l’Europe » et les « Jeunes Européens en Midi-Pyrénées » ainsi qu’avec la Maison de l’Europe. Dans cette optique, il est envisagé de publier et traduire largement les actes des prochains colloques.

Choix du prochain thème :

Un thème est choisi chaque année. Pour l’année 2015 (colloque en septembre 2015, ce sera le thème : Usage et représentations des crises en Europe.

Problématique globale :

Le terme « crise » est souvent associé à l’Europe comme si l’Europe ne pouvait se penser sans une/la crise continue ou sans une succession de crises. Il est vrai que l’histoire de l’Europe présente une succession de crises de nature différente, plus ou moins combinées entre elles.
  • Est-ce une manière de narrer l’Europe en la présentant comme un long processus/cheminement parsemé de crises dont au final l’Europe se sort toujours ? Est-ce d’ailleurs la représentation de l’Europe comme un processus qui rend opportun et liée à l’Europe la crise ?
  • Est-ce plutôt du point de vue des résultats la représentation d’une Europe qui se sort de toutes les mauvaises passes qui rend la crise si consubstantielle à l’Europe.
  • Pourrait-on parler de l’Europe sans évoquer la crise ? Pourrait-on penser l’Europe dans sa naissance, dans son évolution sans la crise ?
  • La crise en Europe est-elle d’ailleurs de nature particulière ? L’Europe rend-elle la crise familière, nécessaire ? Comment le temps participe à la crise ? Faut-il distinguer pour l’Europe un temps long, un temps moyen, un temps court pour voir comment la crise s’y inscrit ?
  • Comment l’espace participe à la crise ? Faut-il tenir compte des extensions spatiales de l’Union (unification de l’Allemagne, élargissement progressifs de l’Europe, question turque) mais aussi des réductions spatiales par le biais des différents cercles européens (coopération renforcée) ? L’espace de la mondialisation et son libre échange a-t-il une incidence sur le projet européen de libre échange et de coordination?
  • Comment la crise de l’Etat participe à la crise de l’Europe dès lors que l’Europe s’est construite par les Etats ? Comment la déconstruction de la nation et la patrimonialité de la puissance publique touche l’Europe ? Comment intervient pour l’Europe la recherche du niveau de pertinence opportun (proximité, région, état, Europe, monde) ?
     
  • Le désenchantement occidental (montée de la technicité, fin des mythes, fin du libéralisme…) et la volonté de ré-enchantement par l’Europe comme projet initial commun de paix et coopération sont-ils à liés à la crise de l’Europe ?
     
  • Faut-il penser évoquer la crise pour saisir les évolutions au sein d'un continuum ou la crise marque-t-elle une rupture, un changement de paradigme ?
  • Faut-il distinguer la crise des nécessaires évolutions dans l'Europe pensée comme un processus donc en continuel avancement, changement, évolution ?
  • Si le terme dans son étymologie associe les sens de jugement et de décision mise en oeuvre pour dégager une décision entre plusieurs positions ou tendances opposées, où sont les/la crise(s) en Europe ?
     
  • Quelles crises, quelles causes, quelles réponses et développements, quelles pertinences et évaluations de la réponse ?
  • Peut-on faire une typologie des crises sur les causes?
  • Crise de gouvernance (référendum, refus de la supranationalité…) ?
  • Crise politique (impossible CED, politique de la chaise vide ; fin de la guerre froide ; crise interne aux Etats membres et crise européenne ; politique extérieure/positionnement dans les conflits contemporains…) ?
  • Crise économique (prix du pétrole, ressource énergétique, croissance..) ?
  • Crise financière (budget de l’Europe…) ?
  • Crise écologique (l’Europe seule ne peut rien faire) ?
  • Crise géopolitique (les conséquences de la réunification allemande, de la chute du mur…) ?
  • La crise géopolitique est aussi extérieure à l’Union et pose la question de la place de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, la Russie et la Chine mais aussi par rapport à des mouvements terroristes comme Al Quaïda.
  • Crise du désenchantement (fin du mythe au profit de la rationalité la technocratie, fin du mythe du pardon…) ?
  • Crise idéologique (fin du libéralisme/de l’Etat providence /le modèle communiste…) ?
  • Crise des couples (franco/allemand, franco/anglais, anglo/allemand) ?
  • Crise de l’Etat (affaiblissement de l'Etat qui cède au privé ou mutualise dans l'Europe ses pouvoirs régaliens et n'a plus les moyens d'avoir ses pouvoirs régaliens par sa dette et ses déficits) ?
  • Crise globale associant l'ensemble ?
  • Peut-on faire une typologie des réponses aux crises et évaluer les réponses ?
  • Réponses formelles ou informelles ?
  • Réponses institutionnelles ou para-institutionnelles, suivi des procédures ou invention de nouvelles procédures ?
  • Type de texte (harlaw ou softlaw) ? Appel à des groupes tiers ?
  • La crise peut-elle être un modèle de gouvernance ?
  • Y a-t-il par l’Europe un renouvellement du concept de crise ?
  • Sommes-nous par la crise, en cours de construction d'un modèle nouveau de l’intégration (citoyens, société civile, principes, méthodes …) ?

A savoir

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